La Charge Mentale de l’Été : l’autre face des vacances

L’été est là. Le soleil brille, les enfants sont en vacances, les réseaux sociaux débordent de photos de plages et de cocktails. Mais dans l’ombre de cette carte postale idéale, une réalité bien différente s’impose à beaucoup de femmes : celle de devoir tout gérer, tout organiser, tout anticiper. Bienvenue dans la charge mentale version estivale.

« Je veux juste m’allonger 10 minutes »

Amira, 35 ans, prof de français à Nabeul, raconte : « Pendant les vacances, mon mari lit sur la plage. Moi, je surveille les enfants, je cherche les serviettes, je prépare les sandwichs et je nettoie le sable dans la voiture. Je veux juste m’allonger 10 minutes. » Son témoignage fait écho à des milliers d’autres. L’été est souvent vécu comme une surcharge : émotionnelle, physique et organisationnelle.

Beaucoup de femmes témoignent que l’arrivée de l’été ne signifie pas repos, mais changement de planning. Exit les réunions Zoom, place à la planification des sorties avec les enfants, des repas frais tous les jours, des valises à faire et refaire.

57% des lectrices Binetna ayant répondu à l’enquête ont estimé que la charge mentale augmente l’été.

72% des femmes en couple avec enfants en France déclarent gérer seules la logistique des vacances, selon une étude de l’IFOP (Institut Français d’Opinion Publique) de 2023. Cela doit être pire en Tunisie, où, selon les chiffres d’OXFAM, c’est la femme qui gère la charge mentale dans le couple, avec des données beaucoup plus alarmantes qu’en France.

Et même sans enfants, beaucoup de femmes témoignent que ce sont elles qui organisent les séjours, réservent les billets, vérifient les horaires, préparent les sacs, et s’assurent que tout le monde passe de « bonnes vacances ». Résultat : elles rentrent plus fatiguées qu’avant de partir.

La Charge Mentale de l’Été : Les Thèmes Récurrents des Témoignages

Les témoignages de nos lectrices confirment et détaillent les multiples facettes de cette charge estivale. Voici une liste des points les plus pertinents, reflétant ce que les femmes tunisiennes (et celles à l’étranger) vivent durant cette période.

Double journée, version estivale

Dans le quotidien des femmes, la « double journée » — travail professionnel + tâches domestiques — est bien connue. Alors que les hommes rentrent déjeuner et faire la sieste, la femme enchaîne dans sa tête tout ce qui lui reste à faire.

Pendant les vacances, les hommes profitent, les femmes doivent penser à tout ce qu’il faut faire pour que tout le monde profite des vacances.

L’été, cette double journée change simplement de forme :

• Le « bureau » devient la cuisine de la maison de vacances.
• Les « collègues » deviennent les enfants surexcités ou les proches.
• Le « brief » du jour devient la liste interminable des choses à faire : pique-nique, linge, sorties, devoirs d’été…

Et pendant ce temps, il n’est pas rare de voir le reste de la famille profiter sans se soucier des détails. Le témoignage de @ness_mj sur les « réunions de famille et les problèmes avec les frères » sous-entend cette charge sociale et relationnelle supplémentaire qui s’ajoute à la logistique estivale.

La solution ? Le partage, pas le sacrifice

Mettre fin à cette charge mentale ne signifie pas « fuir » ou « culpabiliser », mais rééquilibrer.

• On peut commencer par faire la liste et avoir des discussions claires : qui fait quoi ?
• Impliquer les enfants dès le plus jeune âge dans les tâches.
• Lâcher prise sur certaines choses : oui, les sandwiches peuvent être nutritifs, et non, il n’est pas nécessaire de visiter cinq monuments par jour.
• Et surtout : revendiquer du temps pour soi. Lire, dormir, ne rien faire. Parce que le repos n’est pas un luxe, c’est un droit.

L’été doit être un temps de joie, de lien et de déconnexion. Mais pour cela, il faut partager les responsabilités, reconnaître la charge invisible et sortir du mythe de la femme parfaite en vacances. Une plage propre, un pique-nique parfait et des enfants bien habillés ne sont pas plus importants que la santé mentale de celles qui s’en occupent.

Et les exceptions qui confirment la règle

Heureusement que les exceptions existent, surtout celles qui confient les enfants aux grands-parents, ou au papa pour les divorcées.

Amina a, à ce titre, raconté : « Pour moi, non, au contraire, avec un ado de 17 ans, l’été est juste une magnifique pause de : on mange quoi, j’ai match ce week-end, réunion de parents, j’ai besoin d’argent… Job d’été, donc il se prend en charge (argent et bouffe). Et quand il était plus jeune, je suis resté tranquille tout un mois (chez son père). »