Dans les foyers tunisiens, la question du partage des tâches domestiques reste un sujet sensible. Malgré des avancées en matière d’égalité, la répartition du travail à la maison demeure profondément inégale.

D’après une étude d’Oxfam Tunisie réalisée avec l’AFTURD, les hommes consacrent en moyenne 45 minutes par jour aux tâches ménagères et au travail de soin non rémunéré, contre 8 à 12 heures pour les femmes. Ce déséquilibre, massif et invisible, alimente ce qu’on appelle la « charge mentale », cette responsabilité constante qui pèse sur les femmes et qui dépasse la simple exécution des tâches : prévoir, organiser et penser à tout, tout le temps.

La charge mentale, un poids silencieux

Préparer les repas, surveiller les devoirs, accompagner les enfants, s’occuper des personnes âgées… autant d’activités essentielles, mais rarement reconnues comme un « travail ».

Cette inégalité prive souvent les femmes de temps pour elles-mêmes, pour leur carrière ou pour leur bien-être.

Selon ONU Femmes, si l’on valorise économiquement le travail domestique non rémunéré (ménage, soins, éducation des enfants), il représenterait jusqu’à 39 % du PIB mondial. En Tunisie, cette contribution reste encore invisible, bien qu’elle soit vitale pour l’équilibre social et économique.

Quand les images parlent plus fort que les mots

Pour rendre ces chiffres plus concrets, Binetna a imaginé deux mises en scène vidéo, inspirées du quotidien. Elles rappellent que derrière chaque statistique, il y a des réalités vécues.

  • Vidéo 1 : les 45 minutes sont écoulées
    Un homme prépare tout ce qu’il faut pour une sortie à la plage : serviettes, jouets, collations, parasol… Mais lorsqu’une femme lui demande de l’aider à porter les sacs les plus lourds, il répond avec ironie : « Mes 45 minutes sont terminées. » Une façon directe de montrer que, pendant que les femmes passent jusqu’à 12 heures par jour à gérer le foyer, la contribution masculine reste dérisoire.
  • Vidéo 2 : la nuit blanche inversée
    Dans une autre scène, un enfant malade tousse au milieu de la nuit. Habituellement, ce sont les mères qui veillent, pendant que les pères dorment. Ici, les rôles sont inversés : c’est le père qui se lève, qui rassure, qui soigne, pendant que la mère dort profondément. La vidéo illustre l’épuisement invisible que vivent de nombreuses femmes, et ce que cela représenterait si les hommes partageaient réellement ce fardeau.

Ces vidéos ne visent pas à accuser, mais à se mettre à la place de l’autre et à susciter la réflexion. Elles rappellent que l’égalité ne commence pas dans les grandes réformes, mais dans les gestes quotidiens.

Les bénéfices d’un vrai partage

Rééquilibrer les tâches ne veut pas dire « aider », mais prendre sa part de responsabilité. Les bénéfices sont multiples :

  • Pour les femmes : plus de temps pour elles-mêmes, leur carrière et leur santé.
  • Pour la famille : moins de tensions, plus de communication et de solidarité.
  • Pour les enfants : un apprentissage concret de l’égalité, qui casse les stéréotypes de genre.

Briser les freins culturels

La société tunisienne reste encore marquée par des normes traditionnelles :

 le ménage, c’est une affaire de femmes.

Mais les mentalités changent. Dans les couples urbains, de plus en plus d’hommes cuisinent, rangent, accompagnent les enfants, et assument une partie des soins. Les jeunes générations osent davantage casser les codes, notamment grâce aux débats médiatiques et aux campagnes de sensibilisation.

Comment avancer vers un équilibre réel ?

  • Instaurer le dialogue : parler du partage des tâches comme un projet de couple.
  • Planifier : mettre en place un calendrier visible, affiché dans la maison.
  • Valoriser : remercier et reconnaître le travail domestique, qu’il soit fait par l’un ou l’autre.
  • Sensibiliser les enfants : leur apprendre que la cuisine, le ménage ou les devoirs ne sont pas genrés.

Conclusion : l’égalité commence à la maison

L’égalité femmes-hommes ne se joue pas seulement dans la politique ou dans les entreprises.

Elle se construit dans la cuisine, le salon, la salle de bain. Si les hommes prenaient davantage le relais, chaque foyer deviendrait un véritable laboratoire de l’égalité.

Un changement simple, mais puissant, qui libérerait les femmes, renforcerait les couples et inspirerait les générations futures.

Binetna est un magazine feminin tunisien

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