Mon homme de la mer

Par Hana Rouissi

Il s’appelle Sam. Il est dans la marine. Il vient sur Tunis environ toutes les 6 semaines. Il est à tomber. Il a un regard brun qui allume des incendies en moi et un sourire qui ferait fondre les glaciers de l’Antarctique. On s’est connus sur Facebook. On n’a pas vraiment discuté, on s’est juste taquiné.

Les deux, on savait ce qu’on voulait. On se voulait. On a échangé nos numéros de tél. On s’est vu à sa première escale au pays. Et c’était l’apocalypse. Il avait en lui toutes les mers déchaînées, les vagues hautes comme des immeubles et des milliers de levers de soleil. C’était magnifique.

On s’est aimés comme si on était les deux derniers humains sur terre, comme si c’était une question de vie ou de mort, comme si on était des dieux. On n’a presque pas parlé. On n’a fait que se toucher, se respirer, être l’un contre l’autre, l’un sur l’autre, l’un en l’autre.

On n’a presque pas mangé. On n’est pas sorti. Pendant 4 jours. On a vécu d’amour et d’eau fraîche. Puis il a repris la mer.

Il reviendra, dans 6 semaines. Et la magie sera là, à nouveau. Parce qu’on n’attend rien l’un de l’autre. Parce qu’on n’a qu’un présent et que l’avenir n’existe pas au delà de 6 semaines.

Je ne peux pas dire que je suis amoureuse, je ne connais que son corps, son sourire, ses regards, ses caresses. Je ne sais rien de ce qu’il pense, de ses rêves , de ses projets, de son passé. Mais je l’ai dans la peau. Quand il me touche je suis une déesse. Il est le ciel et je suis la terre.

La vie est faite aussi de ces moments intenses, hors du temps, qui n’ont aucun poids, aucune gravité mais qui te font sentir plus vivant que tu ne l’as jamais été.

A dans 6 semaines mon marin, mon voyageur, mon aventurier.

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