Elle est morte sur une plage
Par Maya Chelbi
Elle avait 35 ans, un mari et des enfants. Elle prenait un bain de soleil sur la plage de son enfance, cette plage sur laquelle on se retrouve tous depuis plus de 20 ans. On n’était pas proches, mais on se disait bonjour, on prenait les nouvelles des enfants, on se souriait.
On ne se sourira plus maintenant. Elle ne sourira plus que sur des photos figées. Parce que la mort l’a fauchée sous son parasol, sous la forme d’un quad hors de contrôle.
Depuis samedi, depuis que j’ai appris, son visage ne quitte pas mes yeux. J’ai des pensées étranges.
Quand je prépare le dîner, je pense qu’elle ne préparera plus aucun dîner pour sa petite famille. Quand j’appelle ma fille pour qu’elle m’aide à mettre la table, je pense que la sienne ne sera plus jamais appelée par sa maman. Quand je marche pour aller d’une pièce à l’autre, je pense que ses pieds ne fouleront plus jamais le sol.
Elle me hante.
Je me demande quelles sont les dernières choses qu’elle a dites, si elle est morte en étant fâchée contre quelqu’un ou si quelqu’un lui manquait et qu’elle pensait avoir le temps. Si ce jour là, elle a eu le temps de prendre ses enfants dans ses bras. Si elle a dit je t’aime à son mari.
On ne devrait pas mourir à 35 ans. On n’est pas préparé. Personne n’est préparé. C’est injuste.
Elle était rayonnante. Belle et douce. Un peu timide. Elle adorait la plage. J’espère que les plages du paradis sont au moins aussi belles que « sa » plage.
Adieu la belle.
