Traitement de l’infertilité: Impact sur la santé mentale
Eya Labidi
Savoir qu’on a un problème de fertilité n’est pas la pire épreuve. Certes, c’est un véritable choc au départ. Mais on finit par se dire que la médecine progresse tous les jours et qu’il existe des traitements pour la fertilité. FIV, IAC, stimulations,… la véritable souffrance commence quand on se lance dans le processus.
De la masse d’informations, aux innombrables essais et en passant par la pression de la société, la santé mentale est vite mise à rude épreuve.
Voici ce qu’on ne vous dit pas sur l’impact des traitements de l’infertilité sur la santé mentale:
Se sentir coupable
La culpabilité est le pire sentiment qu’on peut ressentir lorsque l’on suit un traitement de fertilité. Se dire qu’on ne peut faire une chose aussi naturelle et aussi « élémentaire » que la procréation est très difficile à accepter. Se dire qu’on est la cause de la déception de notre conjoint est parfois insupportable.
Et cette sensation ne fait que s’accentuer davantage tout au long du processus. Chaque menstruation devient pénible et s’accompagne d’une avalanche de sentiments: des pleurs, de la colère, de la déception, de la tristesse et de la culpabilité.
Faire face au stress social
Notre culture fait que dès qu’une femme se marie, son entourage commence à scruter minutieusement son comportement, ses habitudes et son ventre à l’affut d’un signe de grossesse. Quand certains peuvent se retenir de poser des questions d’autres ne s’en privent pas et se permettent d’insister. On n’a pas tous forcément envie de partager les problèmes liés à l’infertilité en dehors du couple. Hélas, tout le monde ne le comprend pas ou ne le prend pas bien. Ces commentaires et ces questions deviennent une source de stress. On se sent socialement isolé de nos proches ou on choisi de s’isoler volontairement pour échapper à cette pression.
Gérer le stress associé au traitement
Entre les interventions, les actes médicaux, les traitements hormonaux et les consultations, le stress lié au traitement de l’infertilité s’accentue considérablement. Laisser son corps et son intimité entre les mains d’autres personnes n’est pas facile pour tout le monde. Certaines femmes sont également sujettes à des troubles de l’humeur causés par les médicaments hormonaux. Le stress mental associé aux changements de type hormonal n’est pas simple à gérer.
Perdre le contrôle
Certaines femmes ont l’habitude d’avoir un contrôle absolu sur leurs vies. Ne pas pouvoir dominer cet aspect de sa vie n’est pas facile à accepter.
Les phrases du genre « il faut faire tout ce que le médecin te dit de faire », » c’est la volonté de dieu » ou « ça arrivera quand ça arrivera » ne sont pas du tout rassurantes et ont tendance à intensifier l’anxiété et l’irritabilité.
Pour faire court, c’est stressant de perdre le contrôle sur sa vie.
Bouleverser son quotidien
Suivre un traitement de fertilité chamboule considérablement la routine. Il faut faire attention à bien prendre ses médicaments, faire des injections à des horaires spécifiques et endurer les conséquences dues aux changements hormonaux. Même les relations sexuelles entre le couple perdent de leur charme et de leur spontanéité et se transforment en une besogne machinale régie par un emploi du temps précis.
Certains médecins prescrivent des régimes drastiques qui ne font que renforcer l’anxiété et la frustration.
Bref, suivre un traitement de fertilité met le bazar dans votre quotidien.
Prendre des décisions difficiles
Le plus difficile c’est de prendre des décisions. Quel médecin consulter? Par quelle étape commencer? Insémination artificielle ou fécondation in vitro ? Transférer un seul embryon ou plusieurs? Serait-il plus judicieux de recourir à l’adoption? Les questions n’en finissent pas ! Sans parler du fait qu’il faut également se mettre d’accord avec son conjoint.
En plus d’être très stressante, cette étape est une source de conflit.
Créer des tensions au sein du couple
Les perturbations hormonales, le stress, la pression sociale et la culpabilité provoquent forcément des tensions au sein du couple. On se demande ce qui se passe dans sa tête, s’il va finir par nous quitter, s’il est malheureux à cause de nous… Devoir gérer ce problème ne fait qu’accroitre l’anxiété et la mauvaise conscience.
Devoir gérer un conjoint qui vous blâme suite un diagnostic d’infertilité est pire.
Avoir envie de laisser tomber
La charge émotionnelle a un impact direct sur l’abandon des démarches pour traiter l’infertilité. La quasi absence d’un soutien psychologique lors du traitement est la cause principale de la capitulation.
Laisser tomber semble si facile et si libérateur sur le moment. Mais la culpabilité et les regrets finissent par vous rattraper et vous faire sombrer davantage.
Que faire pour y faire face ?
Pour le bien de votre santé mentale et pour préserver votre couple, il faut apprendre à gérer son stress.
« La santé mentale fait partie intégrante du bien-être général et en est une composante essentielle. La santé mentale est déterminée par un ensemble complexe de pressions et de vulnérabilités d’ordre individuel, social et structurel. » OMS.
Pour y remédier il faut:
- Demander de l’aide auprès d’un professionnel si vous vous sentez fragile, vulnérable, coupable et anxieuse. Un psychologue ou un coach de vie peut vous aider à faire face à tous les défis.
- Partager avec votre partenaire tout ce que vous ressentez. Votre conjoint peut être une source d’apaisement et de réconfort. Pimenter votre vie de couple peut vous faire oublier toute la pression liée aux traitements.
- Prendre du temps pour soi: avec les consultations répétitives et les traitements, on se retrouve coincée dans un cercle vicieux et on s’oublie littéralement. Se faire belle, sortir et se faire plaisir est important.
- Oublier la pression sociale et reprendre le contrôle. Vous pouvez choisir de parler de votre situation à votre entourage pour qu’ils cessent de poser des questions. Cela peut être libérateur de le faire surtout si on te comble d’ondes positives et de conseils bienveillants. Vous pouvez également leur demander poliment et gentiment de ne plus vous poser de questions. Vous n’avez pas à vous soucier de ce qu’ils peuvent en penser. Votre bien-être passe avant tout.
- Se renseigner davantage. Ne laissez jamais tomber vos objectifs et vos rêves. Battez-vous pour avoir la vie dont vous rêvez et trouver d’autres alternatives s’il le faut. Vous pouvez consulter plusieurs médecins pour avoir différents avis, demander à votre entourage, vous renseigner sur les réseaux sociaux…
- Avoir confiance en son médecin et être à l’aise avec lui rendra la tâche plus facile. Si vous sentez une pression de sa part ou si vous avez le moindre doute, changez de docteur.