J’ai failli perdre mon papa
Par Khaoula Mouihbi
C’était un jour de semaine normal. Je me suis levée le matin. J’ai été travailler. Vers midi, mon téléphone sonne. Je vois « maman » s’afficher. Je suis en plein boulot. Je ne décroche pas. Je la rappellerai plus tard. Elle rappelle 2 ou 3 fois. Je l’ignore. Puis mon frère appelle. Je me dis qu’il est sûrement chez les parents et qu’il veut savoir si je viens déjeuner. Je n’ai pas le temps. Je le rappellerai. Il faut que je boucle ce dossier d’urgence. Mon autre frère appelle et là je me dis qu’il doit se passer quelque chose. Je décroche.
Mon père a fait une crise cardiaque.
Pendant une minute ou plus, la terre s’arrête de tourner. Tout s’immobilise autour de moi, les gens, les choses, les sons. Je ne vois plus rien, je n’entends plus rien. Je ne suis suis plus qu’un grand trou noir qui aspire tout.
Je fonce en tremblant vers la clinique où il a été transporté. Ma seule pensée est:
je ne peux pas continuer à exister dans un monde où mon père n’est pas.
J’arrive. Il est en réa. Il a une couleur verdâtre. Il a l’air perdu épuisé mais il est vivant. J’enfile toute la panoplie de trucs stériles pour pouvoir aller à ses côtés. Sa main dans la mienne, je retrouve des prières oubliées mais surtout je lui fais silencieusement des promesses:
« Papa reste là s’il te plait. Ne t’en vas pas encore. Je te promets de passer plus de temps avec toi. Je te promets de ne plus être irritée par tes ‘manies de vieux’. Je te promets de te dire je t’aime plus souvent, de prendre le temps de discuter avec toi, de t’écouter. »
Papa est resté. Le ciel a bien voulu nous accorder plus de temps. Il est rentré à la maison et son bon vieux sourire est là et sa bonne odeur de papa et ses adorables petites « manies de vieux » que je chérirai désormais de toutes mes forces.
Je ne vais plus oublier que mon père n’est pas éternel. Je vais profiter de chaque instant et surtout l’aimer, l’aimer de toutes mes forces et le lui faire savoir.
