Au secours, je ne peux pas lui résister
Par Sélima Ben Selma
Ça y est, c’est décidé, je le quitte. J’en ai assez de cette relation. C’est vrai qu’on s’était mis d’accord qu’on était juste des sex-friends et qu’on ne se voyait que pour ça mais j’en ai marre. Je me suis rendue compte que je veux plus. Je veux qu’on sorte boire un verre ensemble, qu’on aille au resto, qu’on se tienne la main dans la rue, qu’on ait une vie en dehors de son appart. Quand je lui en ai parlé il a ri, avec ce rire qui me tue, me fait fondre et il a dit « mais chérie, tu sais bien que ce n’est pas fait pour moi ces trucs de couples. On n’est pas bien là? » et il m’a embrassée. Alors moi bien sûr, j’ai perdu pied et je l’ai embrassé en retour.
Mais ça me rend de plus en plus triste, de plus en plus frustrée. Il va me manquer à crever, c’est sûr mais je veux une vraie histoire et avec lui, je ne l’aurai pas. J’ai donc été le voir pour le lui dire. J’ai sonné et juste en l’entendant venir vers la porte, mes genoux se sont mis à trembler et mon cœur à battre si fort que j’avais l’impression qu’il allait casser ma cage thoracique et s’écraser à mes pieds. Il a ouvert, un grand sourire sur son visage. Il a toujours l’air si heureux de me voir. Il a ouvert ses bras mais j’ai reculé d’un pas. Je lui ai annoncé que j’avais quelque chose à lui dire. Si seulement il pouvait arrêter de sourire avec ces dents parfaites et sentir moins bon, ce serait plus facile.
Debout, face à lui, dans le salon, j’ai du mal à ne pas trembler. Je lui dis que c’est fini, que je veux plus, que ça ne peut plus marcher. Il a enfin arrêté de sourire. Il a juste mis ses mains sur mes épaules puis avec une voix pleine de douceur, il dit « je comprends ». J’ai senti les larmes se presser sous mes paupières. En silence, j’ai prié « ne pleure pas, ne pleure pas. » Il m’a attirée tout contre lui, mon visage contre son torse. Je respirais son odeur. Son cœur battait contre le mien. Ma tête s’est mise à tourner. Il a pris mon visage dans ses mains et m’a embrassée comme il sait si bien le faire, avec cette douceur et cette lenteur qui allument des incendies de forêt dans mon corps.
Je suis restée. Encore. Allongée contre lui dans le lit, ma peau contre la sienne, ma tête dans son cou, plus rien n’a d’importance mais je sais qu’une fois rentrée chez moi, la tristesse et le manque de lui vont déferler comme un tsunami. Je n’arriverai pas à renoncer à lui. Je le sais. Et il le sait aussi. Alors comme un condamné à mort qui passe lui même le nœud coulant autour de son cou, je me serre davantage contre lui, mêle mes jambes aux siennes et l’embrasse à nouveau, encore et encore. Ses mains glissent au bas de mon dos et la chambre et le monde autour disparaissent.
Il n’y a plus que lui.