Je suis jalouse de mes enfants!
Par Héla Karoui
Quand j’ai connu Ahmed, j’étais fiancée à quelqu’un d’autre. On s’est connus au travail et on a tout de suite sympathisé. Il se pliait en quatre pour moi, allait m’acheter mon déjeuner, m’aidait dans mon travail, était toujours disponible pour moi. Il a fini par me faire craquer. J’ai rompu mes fiançailles et on s’est marié un an plus tard.
C’est le meilleur mari du monde. Il est très attentionné, cherche toujours à me faire plaisir. Vivre avec lui est un vrai bonheur. Après 2 ans de mariage, on a eu Sarra et un an plus tard, Yanis. Ahmed est tout autant attentionné comme papa. Il est fou de ses gosses, tellement fou en fait que j’en suis jalouse.
Quand on sort, il les veut toujours avec nous. On va dans les endroits que eux adorent. Il passe son temps libre à les cajoler et à jouer avec eux.
Un matin, je lui ai fait une scène qui s’est terminée par des larmes:
« Avant le matin, tu prenais le temps de m’embrasser, de me câliner avant de sortir du lit. Là tu bondis et tu vas faire des bisous et des papouilles aux enfants. Moi, je ne compte plus. On ne sort plus du tout en tête à tête, on ne passe plus de temps ensemble juste toi et moi, ils sont toujours là. »
Il m’a regardé comme si j’avais soudain eu trois têtes.
« Chérie, ils sont petits, ils ont besoin de toute notre attention pour le moment. Ce ne sera pas toujours le cas et toi et moi, c’est pour la vie. C’est seulement une période à passer et je suis désolé si tu as l’impression que je te néglige. Je vais faire plus attention, je te promets. »
Mais ça ne m’a pas du tout calmée. J’étais en larmes. Je lui ai dit que je sentais que mes besoins n’étaient plus du tout pris en compte et que je passais en dernier, qu’il planifiait des activités pour les vacances des petits des semaines à l’avance mais pas un simple dîner avec moi.
J’avais l’impression d’être une gamine capricieuse mais ma souffrance était réelle. Je me sentais abandonnée.
Au départ, ça l’a choqué, c’était évident mais il a compris et il est en train de faire des efforts. Un soir par semaine, on laisse les enfants à mes parents ou aux siens et on sort en amoureux. Je retrouve mon Ahmed et je suis du coup moins irritable. Tout le monde est gagnant, même les enfants.
