Un amour perdu

Par Fatma Chammem

Un amour perdu. Une partie d’échec, c’est connu.

Un roi, une reine, des pions, deux joueurs et un vainqueur, je crois que je n’ai fini par le comprendre que lorsque je t’ai jeté toutes mes pièces entre tes mains, au tout début de la partie. Maintenant que j’ai tout perdu, enfin je crois, je m’abandonne à toi, en espérant que tu prennes soin de ma petite personne fragile. Maintenant je t’appartiens. Maintenant je pense à toi sans arrêt. Je pense à toi le matin et l’après-midi en marchant. Je me surprends très souvent de marcher lentement pour pouvoir penser à toi plus longtemps. Je pense à toi en cours lorsque le prof se met à raconter n’importe quoi. Je pense à toi le soir, quand tu me manques, quand je me sens seule dans mon énorme lit, en me disant que la place d’à côté est la tienne, que cette place t’est réservée, qu’elle est faite pour toi, et que jamais je ne devrais laisser quelqu’un te la voler. Je pense à toi quand tu n’es pas là, et aussi quand tu es là, je te regarde et je me perds dans tes yeux, dans ton sourire, qui pour moi étaient un profond océan, rempli d’histoires et d’aventures que j’avais hâte de découvrir.

J’aimerais pouvoir faire autre chose que penser à toi, vivre ma vie, participer aux délires de mes amis, mais je n’y arrive pas. Au début ça me paraissait comme un supplice, jamais personne ne m’avait manqué de cette façon là et ce n’était pas dans mes projets, du tout. Sans toi, ma vie est comme une salle d’attente. Qu’y a-t-il de plus affreux qu’une salle d’attente d’hôpital, une salle d’attente vide où je me retrouve toute seule, abandonnée, il n’y a personne pour me tenir compagnie, pas de magazines pour me distraire, ni de secrétaire pour me dire à combien de secondes, de minutes et d’heures est estimé mon temps d’attente ou quand est-ce que ma douleur va-t-elle finir par s’adoucir. Maintenant j’ai fini par m’y habituer, fini par comprendre que tu t’es emparé de la plus grande partie de ma vie sans que je m’en rende compte, qu’à présent c’est toi qui pouvais tout contrôler, que mon présent et que mon avenir ont fini par atterrir entre tes mains, que tu pouvais en faire ce que tu voulais et que je devais l’accepter parce que je n’avais pas le choix, parce que je suis devenue spectatrice de ma propre vie, que je suis devenue un pion dans mon propre jeu d’échec.

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