« S’il te plait, ne meurs pas »
Par Maya Chelbi
J’ai quitté mon mari. J’ai mis fin à dix ans de mariage. J’ai mis fin à un amour que je croyais éternel. Cela n’a pas été propre et net. Il y a eu des bavures. On a saigné tous les deux. On s’est balancé des horreurs. C’est comme si on ne s’était jamais aimé. On est devenu des ennemis qui ont juré la mort l’un de l’autre. On a été petits et mesquins. On s’est battu pour l’argent, pour les objets, pour qui dirait le plus de vacheries à l’autre. On s’est assis face à un juge qui a prononcé notre divorce. On a arrêté de se parler. On a arrêté d’exister l’un pour l’autre.
Jusqu’à hier.
Hier, j’ai appris quelque chose qui m’a bouleversée. Il est malade. Et ce n’est pas anodin. Il pourrait en mourir.
Et soudain, cet homme détesté, ignoré, laissé pour compte est redevenu quelqu’un à qui je tenais et que je ne veux pas voir mourir.
Soudain, il est redevenu essentiel que je lui parle. Je l’ai appelé mais je ne lui ai pas dit grand chose, juste des banalités. « Prends soin de toi. J’espère que ça va aller. »
Alors que ce que je voulais lui dire c’était: « s’il te plait, ne meurs pas. Je veux que tu sois là pour les enfants. Je veux que tu les vois grandir. Je veux que tu assistes à leur mariage, à la naissance de leurs enfants. Je veux te voir vieillir même si je ne vieillirai pas à tes côtés. «
Et puis, j’aurais sûrement ajouté: « S’il te plait ne meurs pas parce que je suis partie et que ton cœur s’est brisé de tristesse. S’il te plait ne me laisse pas vivre le restant de mes jours avec ce poids. »
Mais j’ai juste dit: « Porte-toi bien. »
Et tous ces mots non dits ont formé une grosse boule dans ma gorge, dans ma poitrine et m’empêchent de respirer.
On ne devient jamais indifférent à quelqu’un qu’on a aimé. On l’aime différemment et de loin mais on continue à l’aimer.
S’il te plait laisse moi t’aimer de loin, encore très, très longtemps.