Un jour dans la vie d’un parent en solo
Par Maya Chelbi
Il y a des jours comme ça où rien ne va. Où il est impossible de trouver un taxi le matin. Où l’école de ta fille t’appelle pour te dire qu’elle ne pourra pas passer ses examens parce qu’elle ne s’est pas réinscrite à temps. Tu dois tout lâcher, surtout le boulot où t’as déjà accumulé du retard et te battre contre une administration bornée avec zéro empathie. Au bout de 2 heures de pourparlers à s’arracher les cheveux, de milliers de kilomètres parcourus pour aller d’un bureau à l’autre, des centaines de fois, le problème est enfin réglé. Tu vas pouvoir rentrer. Sauf que les taxis en ont décidé autrement. Soit ils sont pleins, soit ils ne vont pas dans ta direction. Et au moment où tu commences à envisager un massacre ethnique (et l’ethnie dont je parle est celle des taxistes évidemment), il y en a enfin qui te prend en pitié et qui veut bien te ramener chez toi.
Bien sûr, t’es dans un tél état de nerfs que tu n’arrives pas à te concentrer. Et plus tu stresses, moins tu arrives à te concentrer. Et là ta gamine t’appelle. Les toilettes débordent. Des choses innommables brunâtres flottent à ras de la cuvette. Tu sens la nausée monter jusqu’à ton cerveau mais tu n’as pas d’autre choix que gérer l’horreur.
Courageusement, t’enfiles les gants en caoutchouc, prends une ventouse et te bats contre cette marée puante. Le niveau finit par baisser. Tu te souviens avoir lu que pour déboucher il fallait de l’eau chaude. Tu remplis le seau et le balance dans la cuvette. Bien sûr t’en mets partout. Tu finis de nettoyer et te remets devant ton pc et là, t’as les neurones de la partie créative de ton cerveau qui te regardent en rigolant: « Non mais t’imagines que tu vas pouvoir écrire?« .
Tu les ignores bravement et commences à chercher des sujets. La connexion coupe. ça y est. Tu es au bord du suicide. Et là le chat vomit. Sur la couette. Blanche. Tu es tellement au delà du désespoir que tu commences à rire. ça ne tient pas la route. Quelqu’un a du te jeter un sort. Tu ne peux pas avoir tout ça la même journée.
En riant, la pression retombe un peu. Même s’il va falloir nettoyer cette couette. Mais plus tard. Maintenant j’écris. Parce que je dois bosser. J’en ai besoin pour payer mon loyer. C’est l’une des petites joies de vivre en solo.
Merci la vie!