J’ai à nouveau foi en l’humanité
Par Zahra Ben Mansour
J’étais sur le vol du retour vers Amsterdam, après un mois de vacances chez moi, en Tunisie. Mon mari était déjà reparti depuis 15 jours à cause de son travail, je faisais donc le voyage seule avec nos deux enfants, Ilef, 2 ans et des poussières et Seif, 6 mois.
Je ne vous raconte pas la galère que c’est de voyager avec deux enfants si petits, à commencer par les bagages!
Le calvaire a commencé bien avant que j’embarque dans l’avion. Dans la salle d’attente Ilef s’ennuyait à mourir et donc a fait tout ce qu’elle pouvait pour attirer mon attention, à savoir tomber 2 ou 3 fois, pleurnicher à cause de la faim, de la soif ou d’envie de faire pipi, courir partout entre les jambes des autres passagers…tout ça pendant que j’essayais vainement de faire dormir Seif.
Inutile de vous dire que j’étais déjà pas mal sur les nerfs et je n’étais même pas encore dans l’avion!
Au moment du décollage, cela a tourné véritablement au cauchemar, les deux pleuraient à plein poumons, j’étais pas loin des larmes moi même. Les autres passagers me regardaient d’un air réprobateur. J’avais juste envie de leur crier « Mais qu’est ce que vous voulez que je fasse? que je les balance par le hublot? »
Et puis il y a eu un miracle. Même en l’écrivant là, les larmes me montent à nouveau aux yeux. Dès que le signal « mettez la ceinture s’est éteint », un homme s’est levé de son siège et est venu vers moi. Il a souri et m’a dit de lui donner le petit. Il a dit qu’il était papa aussi et qu’il comprenait très bien par quoi je passais.
Je n’ai pas l’habitude de donner mon bébé à des inconnus mais bon, on était dans un avion, c’est pas comme s’il pouvait s’enfuir avec et puis il inspirait vraiment confiance.
Il a pris Seif dans ses bras et a marché de long en large dans la cabine pendant 30 minutes en lui parlant doucement jusqu’à ce qu’il s’endorme. Pendant ce temps, j’ai pu m’occuper d’Ilef, faire des dessins avec elle, parler avec elle. Elle avait juste besoin de mon attention. Elle s’est calmée aussi et a fini par s’endormir.
L’inconnu m’a donné mon fils endormi et est parti se rasseoir. Mes larmes ont coulé en silence tout le reste du voyage. J’étais submergée de reconnaissance. A la descente de l’avion, il est venu avec moi, a pris encore une fois mon fils, m’a aidée avec les bagages et a fait rire Ilef en imitant certains passagers.
On s’est séparé au niveau des contrôles puisqu’on m’a fait passer avant tout le monde. Je lui ai dit au revoir et merci. Je n’oublierai jamais son geste. Alors que tous les autres étaient soit gênés par le bruit, soit irrités, soit réprobateurs, lui a été secourable, humain.
Je ne connais pas son nom mais tous les jours, je dis une petite prière pour lui: « Mon Dieu, fais que où qu’aille cet homme et quoi qu’il fasse, son chemin soit joyeux et facile. Merci. »