Ce qu’on ressent quand on se fait harceler dans la rue
Suite à l’article « Ces Tunisiens qui draguent dans la rue« , des femmes se sont manifestées pour exprimer leur ressenti quand cela leur arrive. Certains témoignages sont terribles.
Sana: « Je m’y suis habituée. Je ne les entends même plus vraiment, c’est comme un bruit de fond. Je ne les regarde pas. Je fais comme s’ils n’existaient pas. Je sais que ça ne changera jamais. ça a toujours été comme ça et ça le restera toujours. »
Amira: « ça me met très mal à l’aise. Je me sens nue même si ma tenue est décente. C’est comme si on m’enlevait mes vêtements en public. »
Saadia: »Parfois, c’est juste embêtant et parfois quand il n’y a pas grand monde dans la rue et que le ou les gars se mettent à vous suivre c’est carrément effrayant« .
Sandra: « J’ai l’impression de ne pas être un être humain à part entière, d’être méprisée, humiliée en public. »
Hanene: « je me souviens quand j’ai vécu ça pour la première fois. J’avais à peine 12 ans et je rentrais du collège. Deux hommes adultes m’ont suivi en voiture pendant plusieurs minutes en faisant des commentaires sur mon corps et plus précisément certaines parties de mon corps. Je tremblais de tous mes membres et j’ai fait de mon mieux pour cacher ma panique et ne pas me mettre à courir. Aujourd’hui, 20 ans plus tard, j’ai le même sentiment de panique quand ça m’arrive. »
Inès: « ça a peut être l’air exagéré mais cela me met en situation de stress comme si j’étais sous l’effet d’une menace. Mon cœur se met à battre très fort, mes genoux tremblent, j’ai du mal à respirer. J’évite le plus possible de marcher seule dans la rue. »
Hana: « Un sentiment d’insécurité absolue. C’est comme marcher dans la jungle, entourée de bêtes sauvages. Je me dis que ça peut dégénérer d’un moment à l’autre, que l’un d’eux peut essayer de me toucher. Je déteste cette sensation de peur. Je les déteste. »
Azza: « J’ai cette espèce de nœud dans l’estomac, quelque chose à mi-chemin entre la peur et la révolte. Après coup, je repense aux choses que j’aurais pu leur dire mais je sais que je n’aurai jamais le courage. »
Raja: « Je me demande si ces mecs ont la moindre idée de ce que ça fait à une fille, de comment elle se sent et s’ils aimeraient que leur mère ou leur sœur se sente pareil. »
Aïda: « ça me fait sentir sans défense et je déteste ça. c’est comme si j’étais un morceau de viande qui se faisait évaluer. ça me met dans une colère noire et me donne des envies de meurtre. »
A quand une prise de conscience masculine?
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