Télétravail : liberté ou charge invisible pour les femmes ?

télétravail et bébé

Le télétravail est devenu un nouveau modèle professionnel, adopté par de nombreuses entreprises comme une solution durable. Il semble être la solution parfaite pour les mamans qui veulent conjuguer vie perso et privée.
Pourtant, même s’il s’est imposé dans les usages, il n’est pas neutre en termes d’impacts — en particulier pour les femmes.
Flexibilité, gain de temps, meilleure conciliation vie pro/vie perso : les promesses sont nombreuses. Mais à quel prix ? Derrière l’écran, une autre réalité émerge : surcharge, isolement, fatigue mentale, et renforcement des inégalités.

Témoignages et analyses pour mieux comprendre ce que le télétravail change — vraiment — dans la vie des femmes.

Une liberté apparente : mieux gérer son temps, son foyer, sa vie

Pour beaucoup de femmes, le télétravail a été vécu comme une respiration bienvenue. Il permet d’éviter les trajets fatigants, de mieux gérer les obligations familiales, et d’avoir plus de flexibilité.

Hela, responsable RH et maman d’une petite fille, témoigne :

« Je peux gérer mon temps et ma charge de travail, et moins culpabiliser par rapport à ma fille. Mon temps de travail étant flexible, me premet d’être présente dans les moments importants de la journée »,

89 % des femmes estiment que le télétravail est compatible avec leur activité professionnelle, contre 75 % des hommes( Selon une étude du Centre Hubertine Auclert enFrance).
Le gain de temps, la possibilité d’adapter son rythme, la tranquillité du domicile : pour certaines, la productivité augmente. Une étude de Stanford (2020) a d’ailleurs montré une hausse de 13 % de la productivité des télétravailleurs, surtout quand les conditions sont réunies.

Du côté des avantages souvent cités :

  • Équilibre vie perso/pro facilité
  • Réduction du stress des transports
  • Plus d’autonomie
  • Économies : carburant, repas, garde d’enfants ponctuelle

Une réalité plus nuancée : surcharge mentale et fatigue invisible

Mais cette liberté a un revers. Le télétravail peut vite devenir une double journée. Les frontières entre la vie personnelle et la vie professionnelle s’effacent, au détriment du bien-être.

« J’ai en général une to-do liste qui commence à 5h30 du matin. Je commence ma journée plus tôt pour gérer les enfants et les déposer à l’école, puis j’enchaîne avec les réunions.Entre deux dossiers, je lance une lessive ou prépare le déjeuner. Impossible de décrocher.
Je récupère les enfants et m’en occupe, car je suis celle qui travaille à son rythme. Je finis souvent tard le soir. »

Wafa, 36 ans, cadre dans la communication et mère de deux enfants

Ce rythme effréné peut générer une forte pression mentale.
Selon une enquête OpinionWay pour Empreinte Humaine, 22 % des femmes en télétravail déclarent être en détresse psychologique, contre 14 % des hommes.
Ce chiffre met en lumière un déséquilibre structurel : les femmes télétravaillent, mais continuent d’assurer (souvent seules) la majorité des charges domestiques et parentales. La nuance est encore plus marquée en Tunisie, où la femme consacre entre 8 et 12h par jours aux travaux domestiques, quand l’homme n’y passe que 45 minutes (étude d’OXFAM Tunisie)

Télétravail et inégalités dans le couple : un équilibre fragile

À Binetna, plusieurs femmes ont adopté le télétravail, partiellement ou totalement. Cela a pu représenter un vrai soulagement.

Sonia a pu économiser les coûts de déplacement.
Ines, maman de trois enfants dont des jumeaux, travaillait le soir, une fois les enfants couchés et son mari parti faire du sport.

Mais ce type d’organisation peut vite basculer si les règles ne sont pas claires dans le couple.
Le temps de travail devient flou, les sollicitations permanentes, et la charge mentale explose.

Le fait que je sois à la maison fait que je suis automatiquement celle qui gère tout. Et comme je travaille “à mon rythme”, on suppose que je suis plus disponible .

Houla, 35 ans, Community manager

C’est là que le non-partage des tâches devient un vrai sujet. Dans l’imaginaire collectif, télétravailler signifie être “à la maison”, donc disponible. Cela renforce la perception — fausse mais tenace — que la femme peut tout faire : répondre à un mail, passer l’aspirateur, gérer une réunion Zoom avec un enfant sur les genoux.

Et dans les faits, c’est souvent elle qui sacrifie son temps de travail, ses pauses ou ses moments de concentration pour répondre aux besoins du foyer.

Le travail domestique reste invisible, non reconnu, et continue d’être vu comme “naturellement” féminin. Le télétravail, mal encadré, ne fait que renforcer cette inégalité.

Sans un véritable partage des tâches, le risque est grand de voir le télétravail se transformer en une charge supplémentaire, déguisée sous une apparence de liberté.

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Quand aucun mode de garde n’est défini, que le couple ne partage pas les tâches, le télétravail devient un terrain de déséquilibre, parfois même de tension.
La maison, censée être un lieu de retrouvailles, peut alors se transformer en un espace de stress permanent.

Isolement, repli sur soi et stagnation professionnelle

Travailler depuis chez soi, c’est aussi réduire les interactions sociales.
Pour certaines, cela entraîne une forme de repli progressif, tant physique que psychologique.

« Je ne ressentais plus le besoin de me changer, de me faire belle. Finalement, j’avais toujours des choses à faire à la maison : travailler ou m’occuper du foyer.
J’ai fini par m’habituer à ce rythme, mais mine de rien, je ne vois plus grand monde…
Mon évolution professionnelle a aussi stagné, car je ne croisais plus personne, et on ne pensait plus à moi pour des missions intéressantes.

Imen, 40 ans, ingénieure

Le manque d’espace dédié au travail accentue ce mal-être.
Nombreuses sont les femmes qui n’ont ni pièce séparée, ni matériel ergonomique : on travaille dans la cuisine, sur le canapé, entre deux allers-retours.
Résultat : troubles musculo-squelettiques, anxiété, surcharge cognitive. Et l’impression d’être « tout le temps au boulot ».

Vers un modèle hybride, plus humain ?

Beaucoup de femmes interrogées estiment qu’un modèle hybride est le plus sain.
Alternance bureau / télétravail, jours fixes pour les réunions, souplesse encadrée : cela permet de garder le lien, tout en ménageant la vie privée.

Chez Binetna, Eya travaillait une partie de la semaine à domicile, l’autre au bureau. Elle explique :

C’était plus pratique et économique, car j’habite loin de Tunis. Mais j’avais besoin de venir au bureau quelques jours pour les échanges d’équipe.
Ça stimule l’innovation, les idées naissent dans les couloirs ou autour d’un café.

Ce lien informel, ce “bruit” de l’entreprise, est précieux. Il booste la créativité, renforce l’appartenance et permet de sortir de sa bulle.

Nos conseils pour un télétravail épanouissant au féminin

  1. Fixer des objectifs clairs dès le départ
  2. Bien s’organiser au quotidien
  3. Dialoguer régulièrement avec ses managers
  4. Aménager un espace dédié, même petit
  5. S’autoriser à se préparer le matin (même sans rendez-vous)
  6. Déconnecter à heure fixe pour préserver sa santé mentale
  7. Rééquilibrer les charges familiales dans le couple

Le télétravail n’est ni tout blanc ni tout noir.
Il peut être une formidable opportunité pour les femmes — à condition d’en connaître les limites, et de poser un cadre juste et sain.
Comme le résume Karima, consultante en marketing digital :
« Le télétravail, c’est la vie rêvée de certaines, mais pas de toutes. L’essentiel, c’est de pouvoir choisir… et d’être soutenue. »

Article écrit en collaboration avec Gemini et perplexity
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