Avoir ses règles, pour une femme

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Par Rihab BK

Vous voulez dédramatiser les règles ?

Partante.

Commençons par la semaine qui les précède. T’es épuisée, ne sachant pas si c’est une grippette, un rhume ou un omicron déguisé en déprime. Enfin une cerise sur le gâteau de la grande mélancolie. Mais t’as pas aucun autre symptôme autre que des courbatures. C’est peut-être l’âge, mais j’ai ce truc depuis 11 ans. Alors autant faire avec et arrêter de se plaindre.

Le boulot attend mais il attendra encore plus. Ah, ça traine : pas l’énergie, ni l’humeur pour donner le moins pire de soi-même.

Et en parlant d’humeur. Je ne supporte plus cette exécrable habitude de ma collègue consistant à mâcher bruyamment son chewing-gum. Oui, c’est bel et bien une habitude mais elle m’exaspère aujourd’hui. D’ailleurs, j’ai une forte envie de se jeter sur elle et l’étouffer avec son foutu Mentos. Je la fixe en songeant à ce meurtre. Un autre collègue le remarque et sourit. Tiens, celui-là aussi et son débile vape sentant le caramel. C’est écœurant. Je n’en peux plus. Je me dirige vers une autre collègue que j’arrive encore à supporter. Je débite des méchancetés sur quelqu’uns (bien placées d’ailleurs mais mon tempérament le reste du mois aurait pu vaincre cette tentation). Peu importe, c’est dit. C’est mérité. J’ai le droit d’être méchante. Autant profiter de cette humeur de merde pour exercer mes droits comme toutes et tous.

Je traine les pieds pour rentrer. Je prends difficilement un taxi. Pas de chance, le chauffeur a envie de parler en plus. Quel culot ! Pis, de balancer des blagues aussi pourries que l’odeur de sa bagnole, sentant le tabac froid mélangé à un kaskrout Ayari. Je songe à porter plainte. C’est inadmissible de dépenser tant d’argents pour un si mauvais service. Généralement, j’esquive un sourire hypocrite, par générosité, pour un chauffeur qui se veut rigolo. Mais là, je l’ignore sans états-d’ âmes. Enfin, un peu. Je descends, soulagée.

Je songe à la préparation de mon diner. Je n’ai envie de rien de particulier et de tant de choses. Des choses principalement sucrées. Du gâteau au chocolat moelleux. C’est cliché mais assez vrai. J’en prends une, non. Pourquoi pas deux parts. Je compte bien me faire plaisir en mangeant un morceau accompagné d’une tisane ou d’un verre de vin rouge. C’est kif kif. Le tout en matant un film. Difficile de choisir un film : les romantiques sont trop niais. Les comiques, trop nazes. Voilà, un, bien dramatique.

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Un ex recyclé en ami m’appelle pour prendre de mes nouvelles tous les jours. Je maudis sa race. Comment ose-t-il interrompre mon film. Après plusieurs appels, je décroche. Je lui parle d’un ton las. En fait, je ne parle pas. Je me contente de dire « oui », « non ». Je reprends mon film. Ça parle d’amour, de guerre, de maternité, des chats maltraités à la frontière gréco-macédonienne, de la sécheresse dans un village perdu et déserté en Angolie, ça m’émeut. Je me remémore toutes mes peines et celles de l’humanité entière. Je peste contre cette existence et l’égoïsme de mes parents qui l’ont voulue pour moi. D’ailleurs suis-je enceinte pour éprouver un tel mal-etre ? Voilà un doute même quand je suis sure et certaine que j’ai l’utérus aussi vide que mon cœur mais peut être que c’est un déni de grossesse qui dure depuis des lustres, j’en ai vu chez Delarues ya7mou. Bonsoir les tourments.

Le lendemain, quelques gouttes de sang saignent la délivrance de ma muqueuse et au passage de cette moi, chiante et râleuse.

Je recommence à aimer mes collègues, l’ami et à peu près tout le monde. Momentanément !

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