Comar d’Or : La Soirée Littéraire à Tunis

Le théâtre municipal de Tunis affichait complet, samedi 4 mai 2024, pour la cérémonie de remise des prix de la 28ᵉ édition des Comar d’Or. Ce prestigieux prix littéraire, qui récompense les auteurs tunisiens dans différentes catégories, est devenu au fil des années un véritable événement incontournable de la scène culturelle tunisienne.

La soirée a commencé sur un ton solennel, avec un hommage à l’écrivain Ali Bécheur, décédé le mois dernier. Ali Bécheur, connu pour ses œuvres profondes et raffinées, est le seul auteur à avoir remporté le Comar d’Or à trois reprises, en 1997 pour « Jours d’adieu », en 2006 pour « Les paradis des femmes », et en 2018 pour « Les lendemains d’hier ». L’émotion était palpable, la salle entière se levant pour honorer sa mémoire.

Les prix décernés lors de cette édition reflètent la richesse et la diversité de la littérature tunisienne. Azza Filali a remporté le Comar d’Or de langue française pour son roman « Malentendues », publié aux éditions Alizade. Situé dans le cadre idyllique de l’île de Djerba, le livre explore les blessures et les combats intérieurs des femmes. Lors de sa prise de parole, Azza Filali a déclaré :

« Le Comar est une belle tradition. L’écriture est un travail difficile, l’inspiration y a une part très faible. C’est un travail fait dans la solitude, une solitude souvent douloureuse. Mais lorsqu’elle est rompue par une reconnaissance comme celle-ci, c’est un véritable réconfort. L’idée que son texte ne sera pas seul, c’est un baume pour l’âme. »

Azza Filali, lors de la cérémonie des Comar d’Or

Le Comar d’Or de langue arabe a été attribué à Sahbi Karaani pour « دفاتر الجيلاني ولد حمد », un roman qui nous plonge dans un village au cœur de la Tunisie. L’écriture, élégante et poétique, révèle la profondeur des réalités locales et des combats intimes. Karaani a exprimé sa joie avec des mots simples : « C’est un grand honneur pour moi de recevoir ce prix. Je suis heureux de voir que notre littérature peut encore toucher des cœurs. »

Le Prix spécial du jury (Français) a été décerné à Wafa Ghorbel pour son roman « Fleurir », un récit à deux voix qui aborde des thèmes contemporains comme l’immigration clandestine, l’art, la poésie et la danse. Le Prix découverte (Français) est revenu à Atef Kadhoumi pour « Pour qu’il fasse plus beau », tandis que Chaker Nacef a remporté le Prix découverte (Arabe) avec son roman « عرش المجانين ».

Le prix spécial du jury (Arabe) a été décerné à Kalthoum Ayachia pour « هدرة ظلالي التي تعرج », un récit qui se déroule dans un hôpital psychiatrique et explore les profondeurs de la dépression psychologique, mettant en lumière des aspects méconnus de la vie des femmes.

Les présidents des jurys, Ridha Kéfi pour la langue française et Mohamed Kadi pour la langue arabe, ont souligné l’importance de célébrer la créativité tunisienne. Kéfi a déclaré : « Nous sommes ravis de voir tant de talents émerger. C’est un hymne à la promotion du roman tunisien, un hymne à la joie. » Kadi a ajouté : « Le Comar d’Or est un symbole de la richesse de notre culture. Il montre que la littérature tunisienne est vivante et en pleine expansion. »

La soirée s’est terminée sur une note de célébration, avec les écrivains se retrouvant sur scène pour une photo de groupe, entourés par le ministre de l’Enseignement supérieur et ministre de la Culture par intérim, Moncef Boukthir. Le théâtre municipal de Tunis, a résonné de rires et de conversations animées, témoignant de la vitalité de la scène littéraire tunisienne.

Le Comar d’Or continue d’être un vecteur essentiel pour le développement de la culture en Tunisie. Il contribue à mettre en lumière de nouveaux talents, à promouvoir la diversité culturelle et à célébrer la richesse de la littérature tunisienne. Une soirée qui laisse présager un avenir radieux pour les écrivains et les lecteurs tunisiens.

Détails

Malentendues de Azza Filali aux éditions Elyzad

Emna, la quarantaine, avocate tunisienne, mariée, est chargée d’une mission visant à évaluer le degré de civisme et d’autonomie des femmes rurales dans un village conservateur de l’île de Djerba.

Emna découvre des femmes menant une vie de peu, obéissant à des hommes dont la violence n’est pas remise en cause. Elle va surtout découvrir en ces femmes des personnalités attachantes, dont les préoccupations la conduisent vers un domaine encore tu : le corps, à mille lieux des idées reçues.

Peu à peu les convictions d’Emna, ses certitudes de femme émancipée, vont se disloquer. Est-elle vraiment libre, plus heureuse que ses compatriotes qui s’échinent au labeur ? Une lente métamorphose s’opère en elle. Avoir l’audace de vivre ! Car il y a sur l’ile cet homme auquel la lie une passion nouvelle

Pour qu’il fasse plus beaux… de Atef Gadhoumi aux Éditions Arabesques

‘Iskander n’avait jamais cessé de revivre cette scène si courte, mais tellement forte et psychiquement accablante. Il la traversait désormais, en homme brisé, anéanti et désespéré à la prison civile de Mornaguia, accusé du meurtre de sa femme avec préméditation. En attendant son procès, il tournait en boucle cette séquencepoignante, à chaque instant, au fond de sa cellule, qui sentait la moisissure, les excréments, la transpiration nauséabonde et le spectre omniprésent de la Covid-19 en ce mois caniculaire d’août 2020. Une cellule qu’il occupait avec huit autres codétenus entassés, comme du bétail, sans la moindre intimité, plongés dans un quotidien d’une grisaille insupportable.’

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Fleurir de Wafa Ghorbel publié aux éditions Kalima.

Yasmine Ellil, jeune insulaire tunisienne, se fait violer par son professeur. Pour sauver l’honneur de la famille, ses parents l’obligent à épouser son bourreau.
C’est entre deux eaux, deux rives, deux souffles et deux feux qu’elle tentera de tisser son identité et de faire fleurir sa plaie. »

« À quoi serviront ces mémoires de l’oubli à part à rendre impossible l’oubli ? »

Arch El Majanine عرش المجانين de Chaker Nacef aux editions Meskeliani

يعيش رامز أزمة وجودية فلا يعرف معنى لحياته و لا يشعر بالراحة في أي شيء يفعله , و في الليلة الأخيرة لاختفائه يقرر التخلي عن كل شيء . و لأن العالم بالنسبة للمجانين هو مجرد مسرح يهرولون فيه بكامل الحرية و لا يورثون فيه سوى الحقيقة التي يتجاهلها العقلاء و الذاكرة التي تتشكل دون خيط رابط للزمان , ينسج رامز خيوط لعبته حول البعض و يزرع بذور رؤاه و خيالاته في ماض متجدد , فيخفي حقيقة  » ميلينا » و يبقيها سرا , و تتلقى السيدة  » سارا » كتابا و اذا هي أمام أحداث غامضة تشكل مفاتيح لسبر أغوار ماض هربت منه, فتحاول فكها في محاولة لفهم ذلك الغموض الذي يكتنف أفكار كاتبها . و حين يطمئن رامز الى حاله و يجلس على عرش المجانين في منأى عن الخارج , يعود و يحيا من خلال موته اليومي كل تجليات الخيال , و يظهر كل ماضيه من جديد حتى تصبح أحداث الواقع أشد وطأة مما هي عليه في الخيال …

– هدرة ظلالي التي تعرج de Kalthoum Ayachia aux éditions خريّف 

كم وددت إخبار أحدهم بكل ما يثقل الروح والجسد ثم أقتله وأنتحر ، خفت من نظرة الشفقة في عيني من سينصب ، ثم قلت علي الكف عن الشكوى والتذمر والذهاب إلى أبعد ما يمكن أن يقال ، فأنا أحادث نفسي في النهاية ، فألفظ كل ما تكتل في أعماقي ، وأقر إني لم أكن ملاكا ، لم أجبر على خطوى ، سرت في منحدرات واضطررت إلى الجري أحيانا حتى لا أقع …

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