Je me fais entretenir par un homme marié
Par Salma H
Quand j’étais petite, je rêvais de prince charmant, de mariage dans une robe blanche, d’enfants jouant dans un jardin fleuri mais en grandissant, j’ai vite réalisé que ces rêves-là ne pourraient pas devenir réels pour moi.
Je ne suis pas ce qu’on appelle une jolie fille, les hommes ne se battaient pas pour sortir avec moi. J’ai vu mes copines se fiancer les unes après les autres. Moi, aucun homme ne voulait m’épouser, ni même m’aimer. Les quelques aventures que j’ai eues n’ont été que des coups d’un soir. Ils ne rappelaient jamais. Je me suis résignée à passer le restant de mes jours seule.
Puis j’ai commencé à remarquer que les hommes plus âgés me regardaient, me draguaient. Au départ cela m’a dérangée (echib ou el 3ib) puis je me suis dit « pourquoi pas? ».
Je travaille à un comptoir d’une compagnie aérienne à l’aéroport. Je parle à beaucoup de gens. Et parmi eux, il y avait cet entrepreneur italien qui vivait à Tunis. Il m’avait fait des avances plusieurs fois mais je l’avais toujours repoussé. Il avait 55 ans, était petit et un peu gros, rien d’attirant, en somme.
Et un jour, quand pour la énième fois il m’a invitée à dîner, j’ai dit oui. Il m’a tout de suite dit qu’il était marié et que sa femme vivait en Italie donc il était seul à Tunis. Elle venait très rarement. Et il a été très clair sur le fait qu’il ne divorcerait jamais. Il m’a proposé un marché. Il m’entretenait et en échange je serais sa maîtresse. Je devrais être disponible dès qu’il me le demandait. J’ai accepté. Il m’a loué un appart et une voiture. Et j’étais sa call girl. Au moins, lui rappelait.
Après j’en ai eu plusieurs autres de ce qu’on appelle des « sugar daddy », Tunisiens et étrangers. Aujourd’hui j’ai 42 ans. Je suis propriétaire de mon appartement et j’ai une voiture flambant neuve. Je sais que ça ne va plus durer très longtemps. Les hommes veulent des femmes plus jeunes pour ce genre de relation mais j’ai mis de l’argent de côté.
Je finirai ma vie seule et je n’aurai jamais d’enfant. C’est triste mais au moins, je ne serai jamais dans le besoin et j’ai mené une vie de luxe que je n’aurais jamais pu mener autrement.
Il y a toujours des bons et des mauvais côtés dans toute chose. Ce sont les cartes que j’ai jouées. C’est comme ça. Mon sugar daddy actuel est tunisien. Il a 74 ans et plus d’argent que je ne peux imaginer. Il a des tendances sexuelles un peu bizarres mais est très généreux. Et puis, c’est mieux que d’être seule.
Un jour, j’écrirai un livre, sur tous ces hommes que leurs femmes, au final, ne connaissent absolument pas. Si elles savaient…
Chacun est libre de choisir sa vie, tant que c’est bien assumé et cela me semble le cas.