Le viol, arme de guerre.
Ou comment les corps des femmes deviennent des champs de bataille.
« Je pleure chaque fois que je me souviens. J’avais peur d’être tuée… On m’a tout pris. Même ma voix. »
Fatima, 25 ans, mère de deux enfants (nom d’emprunt)
Ces mots déchirants viennent d’une femme qui a survécu à un viol en temps de guerre. Et malheureusement, elle est loin d’être la seule.
En novembre 2024, Le Monde titrait : « Au Soudan, le corps des femmes est devenu un champ de bataille, le viol une tactique de guerre. »
Et cela continue. Partout dans le monde, chaque fois qu’un conflit éclate, les violences sexuelles se répètent.
Violer pour dominer
Le viol en temps de guerre n’est pas un « dommage collatéral ». C’est une stratégie délibérée, une arme de domination. Il vise à terroriser, déshumaniser, détruire des communautés entières. Il vise les femmes, même mineures, en première ligne de toutes les violences.
Le 19 juin, Journée internationale pour l’élimination de la violence sexuelle en temps de conflit, est là pour nous rappeler que ces crimes existent. Et qu’ils continuent.
Reconnu comme crime de guerre
Depuis 2008, l’ONU reconnaît le viol comme une menace pour la paix et la sécurité internationales. La résolution 1820 du Conseil de sécurité affirme que “les violences sexuelles, dont le viol, peuvent constituer des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, voire des actes de génocide”. Elle appelle aussi à mettre fin à l’impunité.
Et pourtant, sur le terrain, les viols de guerre se poursuivent.
En mars 2024, la Représentante spéciale de l’ONU sur les violences sexuelles en temps de conflit, Pramila Patten, évoquait des éléments « clairs et convaincants » sur des violences sexuelles commises sur des otages à Gaza. Un mois plus tôt, des experts de l’ONU alertent sur des cas de viols et de tortures présumées visant des détenus palestiniens, femmes et hommes.
Une arme utilisée dans tous les conflits
Les chiffres sont effrayants :
- 250 000 à 500 000 femmes violées pendant le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994
- Plus de 60 000 pendant la guerre civile en Sierra Leone
- Entre 20 000 et 50 000 pendant la guerre en Bosnie-Herzégovine
- Au moins 200 000 depuis 1996 en République démocratique du Congo
Ce n’est pas nouveau.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, plus de 100 000 femmes auraient été violées à Berlin par des soldats de l’Armée rouge.
Au même moment, au sein de l’empire colonial japonais, des centaines de milliers de femmes, parfois mineures, furent réduites au « service sexuel » dans des établissements dirigés par l’armée impériale. On les appelait cyniquement « femmes de réconfort ».
Plus récemment, en Syrie, certains groupes islamistes ont forcé des femmes à subir des rapports dans le cadre de ce qu’ils appellent des « mariages temporaires » ou « mariages de jouissance ».
À ces crimes s’ajoutent des drames silencieux : la transmission de maladies, comme le VIH, et l’humiliation publique. Parfois, les viols sont commis devant les enfants, les familles, ou les habitants d’un village entier.
« Je n’étais plus une personne. Juste un corps qu’on utilisait. »
Témoigne une autre survivante, ayant subi des viols à répétition”.
Grâce à la parole courageuse de celles qui ont osé témoigner, la justice internationale a fini par reconnaître ces violences comme des crimes graves. Mais cette reconnaissance reste trop souvent symbolique.
Et aujourd’hui ?
Les viols en temps de guerre ne sont pas du passé. Ils se produisent encore, en Ukraine, en RDC, au Soudan, en Palestine… malheureusement les victimes sont souvent oubliées, rejetées, non soignées. L’impunité, elle, persiste.
Ce que nous pouvons faire
Chez Binetna, nous croyons en la force des récits.
En parler, c’est déjà briser le silence.
Partager cet article, écouter une survivante, refuser l’oubli : Ce sont des gestes puissants.
What's Your Reaction?
Binetna est un média féminin tunisien à impact positif. C'est une interface d'influence positive, qui cherche à aider, soutenir et inspirer les femmes