« 11-14 » de Moez El Gdiri, au cœur de l'(in)conscient

N’allez pas voir la pièce 11-14 si vous cherchez une pièce de théâtre qui divertit et qui vous fait rire, parce que là, c’est sérieux et vous allez cogiter.

Si vous y allez restez concentré, parce que vous allez faire du voyeurisme et assister à une conversation secrète entre l’inconscient et le conscient d’une personne comme vous.

La pièce « 11-14 » vous invite à plonger dans les méandres de l’esprit humain, là où le sérieux prédomine et où la réflexion est de mise.

Comme le théâtre est un art, tout est réuni pour exprimer les idées du metteur en scène : le texte, les lumières, le son, les accessoires et bien entendu le jeu des acteurs.

Sur sa pièce, Moez Gdiri explique que 11-14 explore la complexité de ce qui se passe à l’intérieur du cerveau de l’être humain, comme une thérapie entre le conscient et l’inconscient, après un trauma post séparation. 

Pour le metteur en scène, « 11-14 » est bien plus qu’une simple représentation théâtrale. C’est une exploration de l’invisible, des tourments intérieurs qui résultent des traumatismes de la vie, en particulier ceux liés aux séparations. 

Dans cette thérapie singulière, le conscient et l’inconscient se confrontent, dans un combat intérieur pour surmonter les traumas. 

Moez Gdiri explique qu’il y a ce qu’il appelle les maladies de système, liées aux changements subis de la conjoncture économique, politique et sociale. “Personne n’est à l’abri, je voulais m’introduire dans cet invisible et montrer ce qu’on ne voit pas, mais ce qu’on ressent, à travers deux personnalités, celle du conscient, de l’inconscient”, précise ce dernier.

Toute la pièce est une séance thérapeutique que fait le conscient incarné par Marwen Moumni, le personnage 14 (le grand) à l’inconscient incarné par Haithem Moumni le 11.

L’inconscient essaye de sauver le conscient pour l’aider à dépasser l’épreuve incarnée par les dossiers vide et les papiers… Il tente d’ouvrir tous les fichiers ouverts et à arriver à une forme de résilience parce qu’il n’arrive pas à oublier.

La pièce se déroule dans un cadre médical, symbolisé par la blancheur qui évoque à la fois la neutralité, l’amour et la dépression. Les jeux de lumière, conçus par Sabri el Atrous, ajoutent une dimension captivante à la représentation, rythmant le spectacle au gré des émotions exprimées par les acteurs.

Haithem Moumni et Marwen Missaoui incarnent brillamment les deux facettes de l’esprit humain, le conscient et l’inconscient, dans une séance thérapeutique intense où l’on assiste à la lutte pour la survie de l’être tout entier.

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La pièce « 11-14 » est une expérience immersive qui pousse à la réflexion. Elle nous confronte aux coins les plus sombres de notre être, nous invitant à nous interroger sur notre propre parcours et notre capacité à surmonter les épreuves de la vie, comme celle d’une séparation ou d’un chagrin amoureux.

L’œuvre théâtrale « 1114 » est une adaptation de « 4.48 Psychose”, une pièce de la dramaturge Sarah Kane. « 4.48 Psychose » est un témoignage poignant de l’expérience personnelle de Kane. Écrite pendant son séjour à l’hôpital, cette œuvre exprime les tumultes intérieurs de l’auteure, dépeignant le conflit entre son esprit et son cœur. Dans la version initiale, un monologue poétique entrelacé de dialogues avec un psychiatre anonyme dépeint la lutte intérieure d’une jeune femme psychotique, projetant de mettre fin à ses jours à 4h48. Sarah Kane s’est suicidée en février 1999, à l’âge de 28 ans, peu de temps après avoir finalisé « 4.48 Psychose ».

Dans « 11-14 », cette exploration de la psychologie humaine se poursuit.

Dans un monde où le divertissement règne en maître, « 11-14 » offre une bouffée d’air frais, un moment de profonde introspection qui ne laisse pas indifférent. Une œuvre nous rappelle que le théâtre est bien plus qu’un simple divertissement, mais un miroir de notre propre humanité.

Synopsis :

“Dans un vide… des vents de mort et un calme effrayant… l’esprit et le cœur se livrent à un conflit sans fin pour sauver leur maître (le corps) qui a décidé de se suicider après une profonde dépression causée par une séparation brutale. Pour y parvenir, ils luttent contre tout et contre rien…”

  • Mise en scène : Moez El Gdiri
  • Production : Opéra de Tunis 2023
  • Acteurs : Haithem Moumni et Marwen Missaoui
  • Texte : Adaptation par Haithem Moumni et Maher Msaddek, de « 4.48 Psychosis » de la dramaturge Sarah Kane,
  • Scénographie : Sabri El Atrous
  • Conception musicale : Wadah Al-Awani
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