L’argent de la femme disparait dans le couple
Dans de nombreux foyers, l’homme assume les dépenses majeures — crédit immobilier, voiture — tandis que la femme consacre une grande partie de son salaire aux charges du quotidien : nourriture, enfants, factures, loisirs. Avec le temps, ces dépenses ne se traduisent pas toujours en patrimoine ou en sécurité financière pour elle. Un déséquilibre persistant se profile : l’homme peut devenir propriétaire de biens importants, la femme souvent sans rien. En cas de rupture, elle part souvent sans rien, au meilleur des cas une prime de logement si elle a la garde, et qui disparait à un certain âge. En cas de décès, elle héritera au meilleur des cas du Huitième.
Cela n’est pas juste pour la femme, qui a participé à l’équilibre de la famille.
Il est pourtant possible de faire autrement, pour que cela soit juste pour les deux.

La théorie des « pots de yaourt »

Dans de nombreuses familles, il est fréquent que la femme consacre une grande partie de son argent aux dépenses du foyer : nourriture, soins des enfants, factures courantes… Pourtant, après plusieurs années, force est de constater que ses efforts financiers ne se traduisent pas toujours en patrimoine ou sécurité économique pour elle.

Cette situation est connue dans le milieu féministe sous le nom de « théorie des pots de yaourt ». Popularisée par l’autrice Titiou Lecoq dans Le couple & l’argent, elle symbolise le fait que l’argent que la femme dépense «disparaît», ne laissant rien de tangible pour elle, contrairement aux crédits ou biens souvent au nom de l’homme.

Les recherches économiques et sociologiques montrent que ce déséquilibre contribue à la précarité des femmes, même dans des couples stables. Selon une étude de l’OCDE (2022) sur l’égalité économique, les femmes dépensent en moyenne 30 % de plus que les hommes pour le quotidien du foyer, sans accumulation équivalente de patrimoine.

Le problème est aggravé sur le long terme : après 10, 15 ou 20 ans de contributions au ménage, les femmes peuvent se retrouver sans bien propre, tandis que l’homme possède souvent une maison et une voiture à son nom. Ce phénomène illustre l’importance de répartir équitablement les dépenses et la propriété, pour garantir l’indépendance économique de chacun.

Comme l’explique Titiou Lecoq :

« Cela semble tout naturel dans le partage des dépenses. Mais en cas de séparation, cela peut être un piège pour les femmes. L’homme peut reprendre sa voiture, il en a le droit, c’est lui qui l’a payée… La femme, elle, repart avec des pots de yaourt vides. »

Inégalités économiques et données concrètes

  • Selon le Global Gender Gap Report 2025 du Forum économique mondial, la Tunisie recule dans le classement de l’égalité de genre, passant de la 131ᵉ à la 135ᵉ place pour le critère « participation et opportunités économiques » avec un score de 51,5 %. .

  • Le taux d’activité des femmes reste faible : 28,2 %, contre 65,8 % pour les hommes. Le chômage féminin atteint 24,1 %, contre 15,9 % pour les hommes.

Impacts réels sur la vie des femmes

En cas de divorce, la femme peut garder le foyer familial si elle a la garde des enfants. Mais ce droit disparaît une fois qu’ils deviennent adultes (L’article 56 du Code de statut personnel). En cas de décès du mari, la loi tunisienne lui accorde seulement le huitième de la maison.

À cela s’ajoute le travail invisible : tâches domestiques, charge mentale, soutien à la carrière de l’homme. Souvent, les maris proposent à leur épouse de « rester à la maison » plutôt que de payer une garde d’enfants. Résultat : les femmes perdent en expérience professionnelle, ne sont pas rémunérées, ne cotisent pas pour la retraite, et deviennent vulnérables en cas de séparation. Le temps consacré au développement professionnel de l’homme n’est jamais comptabilisé pour la femme. Cela installe aussi une forme de contrôle implicite sur elle.

Concepts théoriques utiles

  • Titiou Lecoq (Couple & argent) : celui qui gagne plus paie les biens durables, l’autre les dépenses courantes. En cas de séparation, celui qui a financé les biens récupère la valeur, l’autre repart avec peu. (L’Agefi).

  • Lucile Quillet, dans Le prix à payer. Ce que le couple hétéro coûte aux femmes, met en lumière les « coûts invisibles » : charge mentale, travail domestique, sacrifices professionnels.

 Quand j’ai eu ma fille, j’ai eu du mal à concilier parentalité et vie professionnelle. Mon mari a assuré les dépenses du foyer et a même prévu un compte commun. Quand il est parti, il m’a obligée à quitter le logement que nous louions pour en prendre un autre, moins cher, à sa convenance. Il a fait pression sur la pension alimentaire. Du jour au lendemain, j’ai changé de rythme de vie, alors que pour lui, rien n’a vraiment changé. Il a gardé la maison achetée à son nom, alors que mes années de sacrifice n’avaient aucune valeur. Quatre ans durant lesquels il a évolué professionnellement et moi pas. Avant le mariage, chacun avait sa voiture. Il a cassé la mienne et je conduisais la sienne. Au divorce, il a repris sa voiture aussi.

témoignage d’Imen

Solutions pour un équilibre juste

  • Transparence financière : discuter clairement des dépenses, des apports et de l’épargne.

  • Compte commun et comptes séparés : mutualiser une partie des frais, tout en protégeant l’indépendance de chacun.

  • Co-propriété des biens : inscrire les deux noms lors de l’achat de biens durables.

  • Répartition du temps domestique : inclure le partage des tâches ménagères et parentales dans l’équité.

  • Protection légale : régimes matrimoniaux ou contrats valorisant les contributions non financières.

  • Politiques publiques : protection sociale pour les femmes du secteur informel, reconnaissance du travail domestique.

La théorie des « pots de yaourt » met des mots sur une injustice invisible, mais structurelle : l’argent des femmes se dissout dans le quotidien, tandis que les hommes accumulent patrimoine et sécurité. Nommer cette réalité est un premier pas.

Les vidéos de Binetna mettent en lumière ce phénomène avec un langage clair et direct, illustrant la réalité quotidienne de nombreuses femmes et encourageant le dialogue sur l’équité économique et la justice dans le foyer.

L’équité financière dans le couple n’est pas un acquis : elle se construit par le dialogue, la transparence, et des décisions concrètes pour que les sacrifices des femmes cessent d’être invisibles.

Article rédigé par la rédaction, corrigé par Chatgpt
Auteur

Binetna est un média féminin tunisien à impact positif. C'est une interface d'influence positive, qui cherche à aider, soutenir et inspirer les femmes

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