Des jouets pas si innocents : les risques cachés

Dans les rayons colorés des magasins ou sur les étals des marchés, les jouets attirent les enfants comme des aimants. Pourtant, derrière les couleurs vives et les formes ludiques, certains cachent une réalité bien moins joyeuse : celle des substances toxiques.

Ce matin-là, Meriem entre dans une boutique de jouets du centre-ville, tirant doucement son fils par la main. L’enfant, les yeux brillants, file droit vers une voiture en plastique rouge.

Meriem prend le jouet dans ses mains, retourne la boîte dans tous les sens, mais elle ne trouve pas de mention sur la composition. Son fils a deux ans, il met encore souvent des jouets dans sa bouche et cette voiture ne fera pas l’exception. Meriem voudrait bien savoir ce que contient ce petit bolide rouge mais même le vendeur n’en sait rien. Face aux yeux suppliants de son fils, elle cède et achète la voiture.

Pourtant, elle n’a pas tort de se poser des questions. Derrière les jouets colorés peuvent se cacher des substances chimiques nocives. Une réalité inquiétante, surtout quand on pense que ces objets passent leurs journées dans les mains (et parfois la bouche) des enfants.

Quand les jouets cachent de drôles de secrets

Phtalates, formaldéhyde, retardateurs de flamme (produits chimiques pour rendre les jouets moins inflammables) … Ce ne sont pas des personnages de science-fiction, mais bien des composants chimiques que l’on retrouve dans de nombreux jouets, surtout les moins chers.

Leur rôle ? Rendre le plastique plus souple, plus brillant ou plus résistant au feu.

Leur effet ? Beaucoup moins inoffensif : certains de ces produits sont toxiques pour les enfants, perturbent le système hormonal et augmentent le risque de maladies chroniques.

Il y a pourtant une loi avant-gardiste pour réglementer ces produits, mais en pratique, le terrain est encore très glissant

La Tunisie a fait un grand pas en s’inspirant des normes européennes pour encadrer les jouets. Mais il n’y a pas vraiment de contrôles, encore moins de sanctions. Des jouets non conformes continuent de circuler, surtout dans les marchés parallèles, mais également dans les magasins avec pignon sur rue.

L’AEEFG  (Association de l’éducation environnementale pour les futures générations), avec à sa tête Mme Samia Gharbi, œuvre pour un monde plus sain et plus durable, où l’éducation devient un véritable moteur de changement.

Son objectif : apprendre à mieux vivre avec notre environnement, en formant des citoyens conscients, responsables et résilients.

L’association agit à différents niveaux, local, national et international, pour réduire les inégalités qui sont souvent à l’origine des problèmes sociaux et environnementaux dans les pays en développement.

L’AFG tire la sonnette d’alarme et appelle à renforcer la réglementation. Elle a d’ailleurs soumis un projet de loi au ministère de la Santé, en collaboration avec les ministères de l’Environnement et du Commerce, pour rendre obligatoire la certification des jouets importés.

Elle rappelle que la Tunisie a signé la convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants (POP) dès 2004, mais que son application reste très limitée.

Ce plaidoyer vise aussi les crèches et jardins d’enfants, où les jouets doivent respecter des critères stricts. Certaines crèches utilisent encore des jouets non conformes, faute de contrôles ou de moyens.

Au-delà des lois, c’est toute une culture de consommation qu’il faut faire évoluer. Les parents doivent être encouragés à demander la fiche technique d’un jouet avant de l’acheter, à opter pour des jouets en bois, et à éviter les produits non étiquetés sur les marchés parallèles. Mais attention : le bois reconstitué (MDF), souvent utilisé dans les versions industrielles, contient du formaldéhyde, une substance nocive. Donc, le bois oui, mais pas n’importe lequel.

« Un joli jouet n’est pas forcément un jouet sûr », résume Mme Samia Gharbi dans le cadre du podcast des médias digitaux Deep confessions et Moom (Podcast MOOM x DCP), qui regrette le manque de coordination entre ministères, notamment celui de la Femme et de l’Enfance, qui selon elle, devrait être le premier à protéger les tout-petits : « Protéger les enfants, c’est l’affaire de tous ».
Lien vidéo Podcast MOOM x DCP | آفة اللّعب البلاستيك | الحلقة 9

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En soutenant la production locale, en valorisant les matériaux sains, la Tunisie pourrait devenir un modèle de créativité durable, avec des jouets en bois local, sans peinture chimique, juste des couleurs à base d’eau, elle a toutes les cartes en main.

Dans cette perspective, plusieurs initiatives tunisiennes commencent déjà à montrer la voie. Des créateurs locaux développent des jouets en bois et en matériaux écologiques, sans substances chimiques nocives, tout en promouvant le savoir-faire artisanal. Parmi elles, on peut citer quelques exemples concrets qui illustrent cette dynamique :

Par ailleurs, certaines crèches et écoles ont également mis en place des programmes de sensibilisation pour former les enfants et les parents à un choix plus sûr et responsable des jouets. 

Ces actions montrent qu’il est possible d’allier sécurité, durabilité et créativité, et que la Tunisie peut devenir un exemple en matière de jouets sains et éthiques.

 

Binetna est un magazine feminin tunisien

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