Saviez-vous qu’il y a des produits chimiques nocifs dans les serviettes hygiéniques et les tampons ?

Ces produits, utilisés chaque mois par des millions de femmes, contiennent souvent du plastique, des agents blanchissants et d’autres substances irritantes. Cela pourrait expliquer, entre autres, le nombre élevé d’irritations génitales dont souffrent les femmes.
On en parle peu, pourtant les règles concernent toutes les femmes, de la puberté à la ménopause.

Et au-delà du simple inconfort, elles ont un impact réel sur la santé, le budget et l’environnement.

En Tunisie, certaines filles n’ont pas les moyens de se protéger correctement pendant leurs règles. Dans les internats, certaines utilisent un morceau de matelas faute de serviettes. Rim, une jeune femme, témoigne :

Quand j’ai eu mes règles, j’avais honte d’en parler ou même de demander des serviettes. Du coup, je mettais des serviettes en papier. 

Rim n’est pas la seule à ne pas avoir eu un accès facile aux protections menstruelles, D’autres filles utilisent des matériaux de substitution comme du papier ou du tissu, faute de moyens suffisants, ce qui entraîne des risques sanitaires.
Au-delà des problèmes sur la santé et l’environnement, les femmes sont plus vulnérables à cause du risque de précarité menstruelle, qui ne concerne pas que les personnes “pauvres”.
Se protéger est coûteux : en Tunisie, le budget mensuel pour serviettes, sous-vêtements de rechange et produits d’hygiène varie de 6,4 à 23 TND par mois, soit 76,8 à 276 TND par an.

Un cycle naturel aux impacts multiples

La menstruation fait partie intégrante de la vie de chaque fille et femme, s’étalant généralement de la puberté à la ménopause, soit entre 12 et 55 ans selon l’Organisation mondiale de la santé.
Derrière ce phénomène biologique universel se cache pourtant une réalité souvent négligée : l’impact écologique, sanitaire et économique des protections périodiques à usage unique, encore largement dominantes dans notre société.

Les serviettes : Une consommation massive et invisible

Chaque femme utilise en moyenne

  •  240 à 300 serviettes hygiéniques par an, 
  • soit environ 20 à 25 par cycle.
Chaque femme utilise en moyenne 240 à 300 serviettes hygiéniques par an, soit environ 20 à 25 par cycle.
Protections menstruelles (règles) jetables et non lavables : tampons et protège-slip ou serviette

À l’échelle mondiale, cela représente plus de 45 milliards de protections périodiques jetées chaque année selon l’étude de LIFE CYCLE INTIATIVE.

En Tunisie, comme dans de nombreux pays, les serviettes hygiéniques demeurent la principale protection utilisée, tandis que les tampons restent minoritaires selon une étude mené par (UNFPA Arab States, 2022

Les chiffres clés

  • Plus de 49 milliards de protections menstruelles jetées chaque année
  • 500 à 800 ans pour la décomposition d’une serviette hygiénique
  • 2,4 g de plastique par serviette, soit l’équivalent de 4 à 5 sacs plastiques

 Un impact environnemental lourd et durable

La majorité des serviettes hygiéniques jetables contiennent du plastique, des agents blanchissants, des super-absorbants chimiques et des parfums, les rendant non biodégradables.
Selon une étude menée par l’Indian Institute of Technology Bombay, une serviette hygiénique jetable peut mettre entre 500 et 800 ans à se décomposer, en raison de sa composition majoritairement plastique.

Ces déchets, parfois jetés dans les toilettes, finissent par obstruer les réseaux d’égouts ou se retrouver dans les cours d’eau, aggravant la pollution aquatique comme le souligne le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (UNEP).
À cela s’ajoute une empreinte carbone importante liée à la fabrication, l’emballage et la distribution de ces produits, documentée dans un rapport de Zero Waste Europe.

Santé des femmes: des conséquences ignorée et sous-estimées

L’exposition répétée des muqueuses à des produits contenant du plastique et des substances chimiques peut provoquer :

Ces risques augmentent lorsque certaines femmes, faute de moyens, gardent une serviette plus longtemps que recommandé — une situation courante en cas de précarité menstruelle.

 La précarité menstruelle : un enjeu social et éducatif

Est-il normal que des femmes ne puissent pas se protéger ?
C’est pourtant le cas, parce qu’elles sont relativement chères ou inaccessibles des fois.
En Tunisie, 

Le coût mensuel moyen lié aux règles (serviettes, antidouleurs, sous-vêtements, produits d’hygiène)
Il varie entre 6,4 TND et 23 TND, soit 76,8 à 276 TND par an. 

A la date de la publication de l’article le paquet de serviette le moins cher est 2.200

Des études menées par l’UNESCO montrent que certaines filles pourraient manquer jusqu’à 10 à 20 % des jours d’école pendant leurs règles faute de protections adéquates. Certaines utilisent alors des solutions de fortune — comme des chiffons ou du papier — au détriment de leur santé. C’est malheureusement le cas aussi en Tunisie.

Une ’étude faite par  l’association Wallah We Can dans le cadre du projet Ecolibree a révélé des chiffres alarmants

  • 61,7 % des jeunes filles dans le Nord-Ouest tunisien sont touchées par la précarité menstruelle
  • 50 % des jeunes filles ne changent leur protection qu’une à deux fois par jour,
  • 85,3 % manquent de connaissances sur les règles,
  • et 67 % ne peuvent pas en parler librement à leur entourage.

À cause de cela, beaucoup de jeunes filles finissent par quitter l’école, tandis que d’autres s’absentent à cause des douleurs ou du manque de protections menstruelles.

Les chiffres montrent que la précarité menstruelle n’est pas seulement un problème économique, mais aussi éducatif, sanitaire et social.

On peut pourtant remplacer les serviettes jetables

Il existe en effet des alternatives durables et accessibles

Face à cette double crise écologique et sanitaire, des solutions durables émergent :

  • culottes menstruelles,
  • serviettes lavables,
  • coupes menstruelles.

Fabriquées à partir de matériaux sains, sans produits toxiques, souvent certifiés OEKO-TEX ou GOTS, d’après une étude publiée dans la revue scientifique International Journal of Gynecology & Obstetrics, les serviettes lavables peuvent durer jusqu’à dix ans, tandis que les culottes menstruelles ont une durée de vie moyenne de deux à six ans, selon la qualité et l’entretien.

Elles sont plus économiques, plus confortables et génèrent jusqu’à 90 % de déchets en moins que les protections jetables selon un article fait par BBC Future Planet, 2020

Où en acheter en Tunisie?

Elles sont plus disponibles à l’étranger, mais en Tunisie aussi il y a de belles, comme

La culotte menstruelle de la marque tunisienne Jasminrose

Fondée par Ashraf Ben Messaoud, pharmacienne, éducatrice menstruelle et mère tunisienne, Elle propose des culottes menstruelles écologiques, lavables, sûres et esthétiques.

Née d’un travail de sensibilisation autour du cycle menstruel, la marque vise à démocratiser l’accès à une hygiène menstruelle saine et responsable.
Les culottes Jasminrose, lavables à la main ou en machine, peuvent être utilisées jusqu’à 5 ans, offrant ainsi une solution durable, économique et respectueuse de la planète.

Elle peut être considéré relativement chère, comparée au prix du jetable, mais le calcul doit se faire sur la longue durée, sur une période de cinq ans, le coût moyen des protections hygiéniques jetables atteint environ 882 TND,

C’est la meilleure solution durable d’un point de vue écologique et santé

Les règles ne sont pas un problème de femmes uniquement, c’est un problème de santé publique et qui concerne tout le monde, il est temps que la recherche évolue plus sur ce sujet, et que l’état prenne en compte et/ou en charge ce coût.

L’hygiène menstruelle ne peut plus être absente des débats sur la santé publique, la justice sociale ou la crise environnementale.
Adopter des protections réutilisables, c’est :

  • préserver sa santé,
  • réduire les déchets,
  • alléger son budget.

 Il est temps de briser les tabous et de faire des règles une force, non un fardeau.

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