Au début, il y avait l’amour. Les dîners improvisés, les fous rires dans la cuisine, les  » on s’en sortira toujours à deux ».

Puis il y a eu des petites choses presque imperceptibles, celles qui font douter, celles qui font croire qu’on s’imagine des choses comme le « je vais garder ta carte, ça te fera des économies » en riant, ou le « tu pourrais quand même contribuer au remboursement du crédit voiture, tu montes dedans après tout », toujours en riant (même si la voiture est à son nom à lui).

Et un jour, c’est monté d’un cran.

Un soir, après une petite dispute, une histoire de rien, une facture oubliée, le point du non-retour a été dépassé.

Ils devaient aller chez sa sœur ce soir-là, il a dit : on n’y va, je n’ai plus envie. Et tu n’y vas pas non plus et il met les clés de la voiture dans sa poche.

Et comme ça, sans cris, sans scène, sans bruit, le rapport de force dans le couple a basculé.

Elle n’a rien dit. Elle s’est dit que ce n’était pas grave, qu’il les lui rendrait le lendemain, qu’il valait mieux ne pas enflammer la situation.

Effectivement, il les a rendus le lendemain, comme on fait une faveur. Et elle a remercié.

Oui, elle a dit merci.

Et dans son ventre, quelque chose s’est serré et n’est plus jamais parti.

Puis, il y a eu les courses. Elle accrochait toujours la liste sur le frigo, pour ajouter au fur et à mesure les choses dont elle avait besoin.

Il s’est mis à regarder la liste de travers ou à hocher la tête en passant devant, puis carrément à barrer des choses de la liste :

on n’a pas besoin de fromage, et les yaourts c’est pas obligé toutes les semaines, et c’est quoi tous ces ingrédients, ma mère a toujours fait des plats de roi avec ce qu’il y avait au fond du frigo.

Ensuite sont arrivées les phrases assassines : « Fais attention à tes dépenses, tu dépenses toujours trop ».

Elle s’est mise à stresser en faisant les courses, à compter et à recompter avant d’arriver à la caisse, à soupirer en passant devant les yaourts.

Ensuite les menaces sont arrivées :

si tu fais ci ou si tu ne fais pas ça, je ne paierai plus l’école des enfants, ils n’ont qu’à aller dans le public .

Bien sûr elle a cédé à chaque fois. La peur s’est installée dans son quotidien, peur pour elle, pour ses enfants, pour ce qui pourrait s’écrouler si elle parle trop fort.

Le piège, c’est que ça ne se voit pas, ça ne laisse pas de traces visibles. Il n’y a pas de bleus, pas de cris, pas de drame de série télé, juste des petites phrases, des « non » déguisés, des « tu comprends » enrobés de fausse bienveillance. La violence économique humiliée et réduite à l’impuissance sans cris ni insultes. Et elle fait parfois autant, voire plus de dégâts que la violence physique.

Longtemps elle s’est dit :

C’est peut-être moi le problème. Peut-être que je gère mal

Longtemps, elle a compté millime avec millime au supermarché et dit aux enfants : « Non, pas ce gâteau là, on en fera un à la maison ».

Mais un jour, elle ne sait pas trop pourquoi ni comment, il y a eu la phrase de trop, le énième chantage qui a tout fait basculer.

Elle a regardé les clés de la voiture et a vu des clés de prison. Et elle a dit « Plus jamais ». Et ce « plus jamais » a fait plus de dégât que toutes leurs disputes réunies.

Parce que la liberté, parfois, ne fait pas de bruit. Elle commence par un simple « ASSEZ ».

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